Il n'y a qu'au désert que l'on prend à ce point conscience de sa petitesse, de l'éphémère passage de l'espèce humaine sur la Terre, de la courte durée de sa propre existence. Les temps qui d'ordinaire paraissaient infinis sont soudain écrasés, réduits à de minuscules instants, dans lesquels une vie humaine s'inscrit l'espace d'une microseconde. Les rochers, le sable, tout parle en termes de millions d'années. Ce qu'il y a de dérisoire dans la comparaison brutale des durées vous diminue et vous rabaisse. On se sent minable, ridicule. Et seul le dialogue avec d'autres êtres permet de surmonter cette souffrance, qui renvoie à la souffrance profonde de tout être vivant qui sait qu'il lui faudra mourir, tôt ou tard...