Made in France est le miroir à multiples facettes de nos folles quotidiennes comme de certaines démences millénaires négligées des historiens. Satire d'une grande entreprise qui vend des idées, des slogans, des mots pimpants, des formules-choc, qui fait du problem soiving et du rentabilizing (entre autres choses qui font ding !),et des sondages et des études de marché. Satire de la vie quotidienne dans un immeuble baptisé « le Margrave » (aux quartiers de noblesse a succédé la noblesse de quartier). Satire d'une intelligentsia qui, au pays de toutes les libertés, déniche chaque jour de nouvelles servitudes, et caricaturant l'oppression, trouve partout des ghettos, met de l'atrocité dans un chapeau, des camps de concentration sur les plages, du fascisme dans le langage. Satire d'un monde aux huit dixièmes déjà englué dans la nasse de régimes totalitaires, et dont les deux dixièmes encore libres, pris de vertige suicidaire, semblent prêts à s'y jeter. Protagonistes de Made in France : un cadre, le narrateur, vivant au milieu de cadres avides de porter au plus haut leur « équation personnelle » ; un ménage qui ne s'entend pas mais que l'on entend beaucoup ; un P.-D.G., M. de Witt-Piquet ; un ordinateur qui connaîtra le grand frisson lorsque, chargé de délivrer le portrait-robot de l'homme politique idéal, il ingurgitera les moustaches de Vercingétorix, la fistule de Louis XIV et le képi de De Gaulle ; une cover-glrl norvégienne, Turid.